vendredi 18 janvier 2008, par Yves
Il s’agit d’un texte qui doit avoir pas loin de vingt ans, l’un des premiers que j’ai écris ; la situation a beaucoup évolué et la distinction que je faisais entre "défense animale" et "libération animale" est en passe d’être très fortement nuancée, notamment parce que la question des animaux de boucherie prend de plus en plus de place dans les préoccupations animalistes actuelles ; de même, je ne redirais pas la même chose qu’à l’époque concernant les luttes contre la corrida ou contre l’expérimentation animale...
.
Spécisme, viande
et idée de Nature
Qu’est-ce qui fait la spécificité du mouvement pour l’égalité animale
au regard des autres mouvements qui se préoccupent des animaux, que ce soit la
Défense Animale ou l’Écologie ? Cette spécificité existe, et elle tient
autant aux pratiques qu’aux analyses politiques de la domination. Mais pourquoi
se poser la question ? Ce n’est pas par amour de la différenciation d’avec
les autres, mais parce que cette spécificité est à mon avis la seule chance que
nous ayons d’influer réellement sur le cours des choses, en recherchant sans
cesse à surmonter les contradictions qui pourraient affaiblir notre
pensée et notre pratique.
Ce texte s’inspire d’autres textes, parus ici ou là, et est
malheureusement limité dans son exposé par la place disponible. J’espère
néanmoins qu’il sera convaincant, sur des thémes qui heurtent souvent le sens
commun, et qui ne sont malheureusement pas abordés ici aussi largement qu’il
aurait fallu. Ce seront néanmoins, j’espère, des pistes de réflexion.
La viande
« Notre relation à la chair animale (…) met en jeu tous les
ressorts de la sensibilité individuelle et, en même temps, dans toutes les
sociétés, elle se situe au cœur même du lien social. »
Claude Fischler, La chair, le partage et l’ordre
social[1]
L’utilisation des animaux pour la viande est la pratique majeure de
leur oppression dans nos sociétés occidentales ; c’est la cause la plus
massive de souffrances, et c’est celle sur laquelle nous avons les plus
grands moyens d’action, puisque nous pouvons arrêter totalement de
consommer les animaux du jour au lendemain sans que cela ne nous coûte rien
matériellement.
C’est en soi une raison fondamentale de mettre l’accent en premier lieu
sur cette exploitation-là. Pourtant, très rares sont les gens qui prennent
position en ces termes. Ce qui est encore une raison de plus pour que nous le
fassions, nous. Mais les raisons du peu de virulence de l’opposition à la
viande méritent d’être examinées en relation avec les raisons pour lesquelles
les autres luttes concernant les animaux connaissent, elles, un relatif
succés : on peut en effet en tirer d’intéressantes conclusions.
En effet, l’alimentation carnassière (le « viandisme ») est un trait
culturel très particulier ; d’une part, ceux qui la pratiquent la
défendent d’une façon acharnée, et n’hésitent pas, même, le cas échéant, à s’en
réclamer, alors que la grande majorité de nos autres habitudes culturelles (y
compris alimentaires) seront bien plus facilement questionnables, ne
serait-ce que par l’évolution des modes de vie.
Et d’autre part la majorité des gens qui refusent cette exploitation
dans la chair n’osent pas en parler (c’est assez net dans les milieux de la
Défense Animale) ou, pire, essayent d’en faire une affaire aussi éloignée que
possible du souci des intérêts des animaux. C’est ainsi que fleurissent
une multitude de « motivations » déclarées et revendiquées, parfois délirantes,
souvent pour le moins caricaturales : on ne mange pas de viande pour des
raisons de santé (un gramme de viande serait poison !), par solidarité
avec les humains du Tiers-Monde (la plupart n’en continuent pas moins à
consommer à tout va, et à soutenir ainsi cette exploitation dans tous les
autres domaines), par mystique alimentaire (macrobiotique…), parce que ce ne
serait pas dans la « nature » de l’Homme d’être carnivore, pour se rapprocher de
l’« harmonie naturelle », ou encore parce que nous nous « élèverions » ( ?)
spirituellement en cessant de manger une viande qui nous « animalise » ( !), ou
pour je ne sais quelles autres raisons encore. Le point commun à ces diverses
« motivations » est de ne pas parler des intérêts des premiers concernés,
les animaux, ou de noyer ces mêmes intérêts au sein d’autres, tous ces intérêts
d’humains qui sont mis en avant et parfois même inventés pour la circonstance.
Le
refus de poser le problème éthique de la viande :
Il y a une gêne générale à propos de nos rapports aux
animaux : la domination est revendiquée d’un côté, niée ou oblitérée de
l’autre.
Ainsi, concernant les mots et les expressions liés au
carnage : on n’utilise pas le mot meurtre, et encore moins assassinat,
pour les animaux, mais les euphémismes que sont abattage ou mise à mort (mots
qui ne trouveront jamais leur emploi concernant des humaines, hormis
peut-être en cas de mépris forcené). De même, on ne dit plus tuerie ou
écorcherie, on dit abattoir : le mot est initialement un terme
forestier !
« Le même couteau, utilisé dans le même mode de
percussion, devient outil ou arme selon la nature de l’objet traité. (…) Couper
la gorge d’un mouton en fait également un outil, alors que le même traitement
appliqué à un homme en fait une arme[2]. » C’est que les animaux ont statut social
d’objets, ne l’oublions pas…
Par ailleurs, parmi les divers pratiques que nous
exerçons à l’encontre des autres êtres sensibles, la consommation de viande
tient une place à part :
« Si rien ne nous autorise à torturer, il ne faut
pas tomber non plus dans les excès de certains doux rêveurs. L’homme est
un prédateur. Nier cette vérité élémentaire relève d’une philosophie hors
de la vie ou de la sensiblerie des mémères à chien-chien, qui ont fait tant de
mal à la cause des animaux, car il n’est pas difficile de réfuter les théories
des végétariens, des bouddhistes indiens, des vieilles folles frustrées,
etc. »
Alika Lindberg, Lorsque les
singes hurleurs se tairont, p. 191
Ce qui est étonnant dans ce passage, c’est qu’il tombe
comme un couperet juste après un long pamphlet contre la vivisection, qui se
terminait, lui, par un rappel de ce qu’ont vécu ces sous-humaines que
furent en leur temps les Noires, les Juifs/Juives, ou les indiennes
d’Amazonie. La vivisection était donc férocement condamnée, et la
comparaison entre ce qu’elle implique pour les animaux et ce que subirent des
dominées humaines était faite sans prendre de pincettes.
Et voilà que soudainement, lorsqu’il s’agit d’aborder
le problème de la viande, se perd toute radicalité, qui laisse au contraire la
place à une pure et nette mauvaise foi : cette « vérité élémentaire »
que l’"homme" est un prédateur (vérité qui n’est telle que parce
qu’affirmée avec force comme telle) ne se trouve-t-elle pas opposée aux
« théories » de gens qui ne sont justement par définition pas des
théoriciennes, mais au contraire avant tout des « praticiennes » :
puisqu’ils/elles vivent sans manger de viande ! Les « vieilles folles
frustrées » (on retrouve ici la sempiternelle incantation contre les
féministes !), ne sont là vraisemblablement que pour relever la sauce,
tout comme les « mémères à chien-chien » qui sont si méprisées par
une bonne partie de la population.
Un tel aveuglement soudain, un tel illogisme, un tel
refus de toute considération rationnelle et argumentée, et même de
considération de la réalité toute simple (il existe des humaines qui
vivent sans manger d’animaux), apparaît justement à propos de ce problème
particulier qu’est la viande. Pourtant, A. Lindberg, chez qui le pire voisine
avec le meilleur, peut être très perspicace[3] ! Cela en dit long sur l’importance de ce
problème là, sur les enjeux qui s’y jouent. D’autant que l’immense majorité de
la population réagit de la même façon à ce sujet.
Le phénomène est général, puisque du côté des philosophes,
Peter Singer fait la même constatation et tire les mêmes conclusions :
« Si nous observons ce que les penseurs
relativement avancés pour leur époque ont écrit au sujet des animaux à partir
du moment, vers la fin du XVIIIème siècle, où l’idée commençait à être admise
que les animaux avaient droit à un certain degré de considération, nous pouvons
noter un fait intéressant. A quelques très rares exceptions près ces auteurs, y
compris les meilleurs d’entre eux, s’arrêtent net avant d’atteindre le point
où leurs arguments les auraient mis face au choix de soit briser leur habitude
profondément ancrée de manger la chair d’autres animaux, soit admettre que
leurs actes ne sont pas à la hauteur des conclusions auxquelles aboutissent
leurs propres arguments moraux… excuses et dérobades. »
Peter Singer nous offre ensuite six pages d’exemples
édifiants qui mettent en scène, entre autres, Benjamin Franklin, Jules
Michelet, Schopenhauer, Bentham, Darwin, T. H. Huxley…[4] Moi-même ai pu noter avec stupéfaction à quel point
un philosophe immensément rigoureux comme Spinoza abandonne soudain les
critères de logique et les bases de raisonnement qu’il avait auparavant
utilisés lorsqu’il en vient à aborder la question du rapport aux animaux[5] !
On se retrouve donc face à un phénomène qui ne date
pas d’hier, de blocage émotionnel et rationnel complet dès lors qu’on aborde le
problème de la viande d’un point de vue éthique. Car ce blocage n’existe que
lorsqu’il s’agit d’un discours sur la viande au nom des intérêts des animaux
mangés : on peut en revanche parler de la viande si l’on met en avant ses
propres intérêts de santé, ou ceux des humaines du Tiers-Monde, ou l’intérêt
à s’élever spirituellement (j’en passe et des meilleures !)… On peut
même alors être admirée, pour sa force d’âme, sa sagesse ou que sais-je.
Ce n’est que lorsque l’on évoque les intérêts des victimes que l’on se heurte à
l’hostilité ou à une négation forcenée de ce que nous disons. Y compris bien
souvent de la part de végétariennes : lorsque nous avons publié la
brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d’animaux, dont le titre tout autant que le contenu ne
laissaient planer aucune ambiguïté quant à nos motivations, nous avons reçu
plusieurs lettres nous disant : « Je suis tout-à-fait d’accord avec
vous, la viande est un poison ! », qui niaient donc totalement notre
discours. Et nous nous sommes aperçues, au cour d’innombrables
discussions, dans la rue, des cafés, avec des amies, des inconnues,
etc., que cette négation revenait sans cesse[6]. Lorsque nous parlons de viande.
On peut par contre (un peu) prendre position contre la
vivisection, la chasse, la fourrure, la corrida, etc. au nom des intérêts des
victimes, sans trop de problèmes. Il ne faut pas trop insister, certes, il
vaut mieux noyer la considération des intérêts des animaux sous un déluge
d’autres arguments, histoire de bien la relativiser, etc. Cela, nous le savons
tous, que c’est plus prudent pour soi, et c’est d’ailleurs ce que font la
majorité des gens. Mais lorsque l’on parle de la viande et des intérêts des
mangés à ne plus l’être, alors là, il faut voir la levée de boucliers ! A
tel point qu’il faut être sacrément costaud pour ne pas faire marche arrière,
pour au contraire persévérer.
Viande et Défense animale :
En fait, lorsqu’on regarde de près les « créneaux porteurs » de la
Défense Animale et les arguments qu’elle emploie, on s’aperçoit vite que le souci des animaux n’est « porteur » sur
le marché de l’opinion publique que s’il se double d’intérêts « nobles », reconnus
comme « légitimes » par la population. Les abandons de chiens et chats, ou
leur rapt pour le commerce ou la vivisection ne font recette que parce
qu’il s’agit d’animaux « humanisés », qui font partie des familles. L’opposition
à la corrida, comme à la chasse, ne porte que très accessoirement sur la
souffrance du taureau, et bien plus sur des questions de « dignité
humaine » : il serait « dégradant » de prendre plaisir à voir souffrir et
mourir. Et l’opposition à la chasse parle très peu des individus, mais plutôt
de la menace envers les espèces, les équilibres écologiques, voire, de la
menace dérisoire que les chasseurs font peser sur les humains qu’ils
risquent de blesser ou tuer (à ce compte-là, les anti-chasse feraient mieux de
se recycler dans la lutte contre les voitures !). La révolte devant
le port de la fourrure est avant tout refus d’un symbole de domination trop
parlant, car luxueux et donc non démocratique : le port de cuir est tout
aussi évidemment un symbole de domination (cf. son rôle dans l’imaginaire
sado-masochiste), mais comme il est accessible à tous les humains, il ne
devient pas un signe distinctif entre eux, il ne devient pas un symbole de
domination sur ceux qui ne pourraient pas s’en payer. L’opposition au
commerce des animaux sauvages joue surtout sur leur caractère « naturel » et sur
la destruction de la Nature que leur mort ou leur capture représente. Enfin, l’opulence des organisations de lutte
contre la vivisection, et le succès qu’elles rencontrent dans le public, vient
principalement du fait, semble-t-il, que la vivisection pratiquée couramment
est d’apparition relativement récente, associée mentalement
à l’idée de "science démoniaque", de technologie destructrice
(sensibilité naturalo-écologiste), perçue comme symbole de
l’atrocité du monde capitaliste, toutes choses qui font de
l’anti-vivisection une lutte noble et légitime (même si elle reste généralement
secondaire par rapport aux luttes "sociales" ou "politiques"), rendant
alors par là-même possible, dans ce cadre particulier, l’émergence d’une relative considération des intérêts des animaux.
Par contre, des secteurs entiers de la domination que nous exerçons sur
les animaux disparaissent : tout au plus parle-t-on parfois de la
pêche pour contester qu’elle tue également des dauphins ou des baleines, ces
animaux nobles par excellence qui sont si chers à notre imaginaire, ou pour
souligner les dégats écologiques que causent les filets sur les fonds
marins dont ils arrachent les algues ( !). Et la pêche individuelle, à la ligne,
on n’en parle jamais, on se demande vraiment ce qu’on pourrait lui reprocher :
un sport si pacifique, paisible… Quant aux dératisations, qui causent
vraisemblablement chaque année en France des milions de morts horribles et
lentes, pratiquement personne à ma connaissance n’a jamais lancé de campagne
contre…
C’est que la population se refuse à considérer la souffrance en soi, et
se révèle incapable de prendre sérieusement en compte les intérêts des
animaux, se refuse à poser leurs souffrances et leurs intérêts comme ayant une
valeur en soi. Non pas que la souffrance soit absente, au contraire, même,
puisque les tracts et revues affichent volontiers des photos plus
sanglantes les unes que les autres, mais le discours qui se greffe sur ces
images sera « sérieux » : la vivisection est un crime contre l’humanité, la
nourriture industrielle a mauvais goût et est dangereuse à la santé (des
humaines, évidemment), etc. Les souffrances et les intérêts
des animaux apparaissent à travers les images et parlent au cœur, mais c’est un
discours économique, écologique, médical, etc., qui s’intéresse essentiellement
aux intérêts des humaines et/ou de la « Nature » qui parlera à notre
raison. C’est la raison qui nous ordonne de nous intéresser aux problèmes
humains, et c’est la sensibilité qui nous pousse à nous soucier des
animaux : que le monde est bien fait, qui fait que les intérêts des
premiers sont primordiaux, et ceux des seconds… secondaires !
C’est que dans notre société des « Droits de l’Homme » et de la vie
humaine sacrée, il apparait indécent de parler des animaux au même titre
que des humaines : en mettant en avant leurs intérêts individuels.
C’est à ce tabou que se heurte chacun sans vouloir le briser, ce qui ne peut
que l’emprisonner dans des contradictions insolubles : comment faire
valoir les intérêts des animaux sans les faire valoir ? Mais on peut
également dire les choses autrement : la population ne veut pas remettre
en cause le spécisme, ce mépris qui fonde notre appartenance à une espèce
humaine valorisée et dominante aux dépends des non-humains dévalorisés et
dominés.
Ce qui nous ramène à parler de la viande, que pratiquement personne ne
tient à remettre en cause. Bien plus, chacun tient à la légitimer, parfois
avec ferveur. La grande majorité des milieux de la D.A. ne sont pas en
reste, de la Ligue Française des Droits de l’Animal à l’Œuvre d’Assistance aux
Bêtes d’Abattoir en passant par pratiquement tout l’éventail des associations
et des individus la constituant : qu’on en juge :
"En ce qui concerne l’utilisation à des fins alimentaires des
animaux destinés à la boucherie ou à la charcuterie, il faudrait être un
végétarien particulièrement intolérable pour y opposer, pour soi et les
autres, une condamnation et un refus total et définitif." (LFDA)
"Que l’homme tue des animaux pour s’en nourrir, c’est une des lois
de la Nature qui l’a fait carnivore." (Cl. Elsen, J’ai choisi les
bêtes, cité par G. Chapouthier, dans
son triste Essai de définition d’une éthique de l’homme envers l’animal)
Ce qui gène les gens, ce sont les méthodes modernes d’élevage et
d’abattage, qui ne sont pas « naturelles », mais pas du tout le principe
d’utiliser (tuer) des animaux pour s’en nourrir. Bien au contraire, ce
principe-là, on y tient ! Le bêtisier sur la question est immense, et en
faire l’inventaire ne présenterait d’autre intérêt que de montrer à l’évidence
que l’attrait exercé par cette exploitation dans la chair est tel que la
plupart des humaines renoncent volontiers à toute intelligence et à
toute cohérence pour tenter de la justifier. Que l’on se rapplele
l’exemple donné plus haut de Alika Lindbergh, qui ne mâche pas ses mots
lorsqu’il s’agit d’attaquer la fourrure, la vivisection, les élevages
industriels, le commerce des animaux sauvages, la chasse… puisqu’elle
n’hésite pas à les comparer au nazisme, mais qui règle néanmoins son compte au
végétarisme avec une féroce idiotie. Elle est hélas extrêmement représentative
dans ce domaine de la grande majorité de la population.
Les gens refusent d’accorder quelque poids que ce soit aux intérêts des
animaux à ne pas être tués lorsqu’il s’agit de la viande, parce que cela
apparaîtrait aussitôt alors comme une question de principe, ce qu’ils veulent
éviter à tout prix. Dans ce domaine, s’opposer à leur consommation signifie
clairement comparer des intérêts animaux et humains, et c’est là remettre en
cause le principe premier de notre civilisation : les intérêts
humains ont valeur absolue, ceux des animaux ont au plus valeur relative. Du
coup, personne ne parle de la viande ; un dirigeant de l’Association
Française de Défense des Animaux ne disait-il pas : « Chacun
mange ce qu’il veut, nous on défend les animaux ! ». Exit la viande.
Disparue. Pfuit !
A cela, je vois trois raisons au moins.
Les bonnes et les méchantes :
La première est d’ordre psychologique, mais elle se ramène aux deux
autres ; les exploitations d’animaux auxquelles s’oppose la Défense
Animale et l’opinion publique sont toujours le fait d’une minorité d’humains
(chasseurs, vivisecteurs, femmes portant de la fourrure…) ou de lobbies
(scientifique, militaire, pharmaceutique…) qui peuvent facilement être dissociés
de soi et apparaître comme des « méchants » torturant
« inutilement » (c’est-à-dire, pour des intérêts corporatistes)
des « créatures innocentes » et ainsi « rabaissant
l’Humanité au rang de l’animalité et de la bestialité ».
Tout un pathos qui vise des boucs émissaires et cherche à valoriser une
« dignité humaine ». L’opposition à la chasse, à la corrida, à la
fourrure… sont ainsi d’excellents supports à moralisme : certains plaisirs
(comme celui de tuer ou de faire souffrir) seraient intolérablement barbares et
archaïques dans notre société moderne, évoluée, et civilisée. Et
les vivisecteurs d’être traités de « monstres », de « dégénérés »,
et les chasseurs de « Nemrods brutaux et barbares »,
« lâches », etc. En les dénonçant ainsi, les gens ne font jamais que
mettre en avant leur propre caractère civilisé, sain, responsable et
respectueux : et de se taper sur le ventre avec satisfaction, après un bon
repas : ils ont mangé du vivisecteur, du chasseur, et accessoirement, sans
doute, un steack ou un poisson.
Car par contre, les exploitations d’animaux qui sont d’« intérêt
collectif », d’« intérêt humain », elles, ne sont pas remises en
cause. Vraisemblablement, le moralisme de la Défense Animale vise à se
valoriser soi comme faisant partie de la communauté des « bons »
et à redorer le blason d’une humanité passablement défraichie, en en
excluant les mauvais sujets : monstres, inhumaines, dégénérées,
barbares, ils/elles n’ont rien à voir avec les manifestantes « pour
les animaux martyrs et pour la dignité humaine »[7]. Il ne saurait être question, alors, d’attaquer des
pratiques et des principes qui sont massivement partagées par les humaines
et qui profitent à l’humanité entière, si le but est effectivement de s’assurer
une communauté humaine valorisante.
Car, malheureusement pour les animaux concernés, le viandisme est
presque universel, et, bien plus, c’est un ciment social de base : la
viande trône au milieu des repas (et des discussions), et les repas
sont le centre privilégié de la socialité, du sentiment d’appartenance
à une communauté. Et, c’est à bien des égards une pratique moderne,
évoluée, civilisée, si l’on veut bien entendre par ce terme que le sang est
invisible, et que les cris éventuels sont étouffés dans le privé des abattoirs :
la violence est masquée, et seul reste accessible son symbole abstrait, la
chair - un symbole plus marquant de la violence serait le sang, qui lui
n’apparaît plus guère.
La croyance en la Nature :
La seconde raison tient à l’idée de Nature. Contrairement, par exemple,
à la vivisection, manger de la viande est une activité traditionnelle (qui
remonte au moins à plusieurs centaines de miliers d’années) et qui
est pour cela ressentie comme naturelle, alors qu’elle n’est qu’une activité
culturelle comme une autre. Et dans notre société la Nature jouit d’un très
fort coefficient religieux et positif, ce qui fait quasi-systématiquement
considérer ce que l’on juge « naturel » comme normal, légitime,
nécessaire. Manger de la viande est une des dernières activités dont nous ayons
l’impression qu’elle nous rattache, d’une part à nos racines, au mode de vie de
nos ancêtres, et d’autre part, à une Nature dont nous nous serions
progressivement séparées[8]. Pour ma part, je ne crois pas en Dieu, ni non plus
en Nature, ce dieu des temps modernes. La Nature, la réalité, ne nous impose
jamais rien, ni même ne nous indique rien. C’est nous qui projetons sur une
Nature plus ou moins personnalisée nos désirs et nos volontés,
exactement comme le faisaient auparavant nos ancêtres avec leurs dieux. La
Nature, qui n’est autre que l’ensemble de ce qui existe, n’est pas le moins du
monde respectable en soi, n’a pas de valeur en soi, mais n’en a que
relativement à son importance dans la vie des êtres sensibles, des êtres qui
ont des intérêts : humains et autres animaux, sur un même plan.
D’ailleurs, même les écologistes qui, en parlant souvent de Droits de la
Nature tendent à accréditer l’idée qu’elle serait une personne qui a des
intérêts et une valeur propre, précisent généralement rapidement qu’il faut "la" protéger pour la
survie de l’Humanité.
Mais l’idée de Nature joue aussi sur un autre plan, plus
fondamentalement encore. L’Humanité s’oppose à la Nature dans nos
représentations. Et les humaines appartiennent à l’Humanité, et les
animaux à la Nature. Comme cette dernière est sacralisée, ce n’est pas pour les
animaux qu’on la respecte, mais c’est au contraire pour "elle" qu’on
va, parfois, les "respecter" : lorsque sinon cela "la" mettrait en danger, par exemple. Leurs intérêts d’êtres vivants sensibles,
d’individus, passent à l’as, recouverts alors par cette chappe de plomb
qu’est la Nature, qui dissout la réalité concrète de leurs intérêts dans
une globalité abstraite, et empêche qu’elle évolue librement dans notre
imaginaire.
Parce que notre représentation du monde est engluée dans cette idée de
Nature, il y a une différence fondamentale dans notre façon d’appréhender les
humaines et les autres animaux ; lorsque nous rencontrons ou
imaginons une humaine, il/elle est « "pleine" :
il/elle a une valeur, une vie propre, des intérêts… Lorsque nous rencontrons ou
imaginons un animal, il est "vide" : il a une fonction, une
place dans la Nature, qui lui est commune avec d’autres, par exemple
d’autres de son espèce ; mais, définit par cette fonction, cette
place, qui sont des "qualités" qu’il tient non de lui-même mais de "la Nature", il devient interchangeable : qu’importe
celui-ci, si un autre de la même espèce (même fonction) peut prendre sa
place s’il disparait. Lui n’est plus rien, c’est le "Tout" ("la
Nature") qui est tout. Ses qualités réellement propres (sa vie, ses intérêts,
ses émotions, ses sensations) ne jouent aucun rôle et passent complètement
aux oubliettes, alors que ce sont elles que nous considérons (ou sommes
censées considérer) en premier lieu en ce qui concerne les humaines.
L’individualité des animaux se trouve entièrement dissoute dans l’idée
qu’ils sont membres de la Nature.
Ce processus de négation/élision de l’individualité se retrouve tout au
long de l’histoire pour toutes les dominées, au profit d’une
généralité « naturelle » qui fixe leur fonction dans l’ordre du monde. Aux
temps du féodalisme, l’aristocratie reléguait les membres humaines des
classes inférieures dans une sorte d’animalité ; aux temps du
colonialisme, de l’esclavage et du racisme, les blanches ont le
privilège de la civilisation et de l’humanité, et les autres encore sont
reléguées dans l’animalité ou dans une infra-humanité ; et c’est le
cas aussi en ce qui concerne les rapports de domination
hommes/femmes : les femmes, en tant que reproductrices, représentent
la part naturelle dans l’humanité, et sont comme telles ravalées dans
une sorte d’animalité plus ou moins explicite (caprices, intuition,
rythmes biologiques, immédiateté…).
La croyance en l’Humanité :
Dans nos démocraties Droits-de-l’Hommiennes, où toutes les
humaines sont formellement égaux/égales, ils/elles sont censées
avoir toutes droit à l’humanité, c’est-à-dire, à une certaine valeur
accordée ipso-facto à leurs intérêts (valeur qui dans certains cas peut être
absolue : caractère sacré de la vie humaine) : l’humanité,
qui, par le passé, a pu être aristocratique, chrétienne, blanche ou
masculine, devient… humaine (du moins à une niveau idéologique, car cela
ne change pas toujours grand chose à la réalité de l’oppression). Mais le monde
reste toujours partagé en deux camps, deux catégories mentales irrationnelles
(mais ô combien utiles !) : l’Humanité et la Nature. Deux catégories
antinomiques. L’Humanité est dynamique, consciente, individuelle,
rationnelle… La Nature est cyclique, rythmique, organique,
instinctive… Il va pourtant de soi que les humaines sont des animaux
comme d’autres, qui ont des capacitès particulières comme les chouettes au
regard des renards ont des capacités particulières ; que ces capacités
aient donné à un certain nombre d’humaines une puissance sans égale
sur tout ce qui les environne, ne leur confère pas un caractère
magique : ce sont des capacités naturelles, au même titre que celles
des hiboux ou des fourmis, et ce que les humaines produisent à
l’aide de ces capacités est tout aussi naturel qu’un terrier de renard, même
s’il s’agit de centrales nucléaires (ce qui n’est évidemment pas pour autant, justement, une bonne raison pour accepter les centrales
nucléaires).
Une vision du monde qui sépare entre Humanité et Nature est :
— irrationnelle (les humaines font pleinement partie, comme
tout ce qui existe, de "la Nature")
— fonctionnelle par rapport à la domination : le groupe
"Humanité" est d’abord définit selon les besoins sociaux du
moment (et à l’heure actuelle, il concerne donc l’espèce humaine toute
entière), comme porteur de valeur et des bonnes valeurs, puis est défini le
groupe antagonique, qui le circonscrit et le détermine de l’extérieur, et qui
est "la Nature", et auquel sont rattachés les êtres exclus du groupe
dominant.
« L’animal n’est-il pas avec constance celui aux frais de qui
se célèbrent les fêtes humaines, non
seulement la piété des sacrifices et l’appétit des banquets, mais aussi les
jubilations de l’idéologie ? »
Françoise Armengaud, Animalité et humanité, Encyclopédie Universalis
Classiquement, les humaines fondent leur sentiment
d’appartenance au groupe "Humanité" en bonne part sur la domination
de ce qui lui est extérieur : la Nature, dont les représentants les
plus proches des humaines, et pour cela les plus profitablement
dominables, sont les animaux. L’humanité, notre "essence" d’humains,
se définit globalement par opposition à la naturalité, et plus précisément
et concrètement, à l’animalité. En fait, ces mots-là (humanité, naturalité, animalité) ne désignent aucune réalité autre que fantasmatique, mais ils représentent des données essentielles de notre imaginaire humaniste (qui n’est plus seulement occidental, puisque cette idéologie se retrouve aujourd’hui partout, de Mexico à Sydney, en passant par Berlin, Singapour ou Brazzaville).
Toujours est-il que l’Humanité se définit dans notre tradition culturelle par
opposition à l’animalité (mais qu’est-ce donc ?). Et actuellement, c’est à
travers la viande essentiellement que nous sommes en contact avec cette
"animalité". Et si nous voulons valoriser notre humanité (mais
qu’est-ce donc, là encore ?), il nous faut pour cela dévaloriser ce contre
quoi elle se définit, car une valeur positive n’existe qu’en référence à
une valeur moindre. Ce sont malheureusement les animaux qui représentent
l’animalité : comment les dévaloriser ? La solution est bien
connue, car elle est pratiquée dans bien d’autres cas : en les niant, en
les traitant plus mal que les individus de son propre groupe
d’appartenance, en n’accordant aucune valeur à leurs intérêts, en les
utilisant. Domination et mépris sont presque équivalents : la domination
ancre le mépris dans une pratique, et ainsi en "prouve" facticement
le bien-fondé.
La façon qui semble la plus radicale de nier quelqu’une,
cela semble être de le tuer, de le liquider, le faire disparaître. Mais les
animaux sont tout en bas de l’échelle sociale, ils en sont même exclus, ne
font justement pas partie de la société des humaines. Et la négation
est effectivement bien plus forte lorsqu’on mange quelqu’une que
lorsqu’on le tue ou l’utilise simplement sans autre raison : car on
l’utilise alors dans ce qui le nie le plus comme animal, comme être vivant
sensible, on l’utilise dans ce qui le nie le plus comme "notre
semblable", c’est-à-dire dans son corps mort, sa chair. Le caractère
fondamental de la viande, ce qui en fait tout le charme, cela semble bien être
le meurtre, mais le meurtre en vue d’une consommation. Manger un animal, c’est
lui dire, et surtout, c’est se dire à soi-même, dans l’imaginaire et dans les
actes : « Vois-tu, tu ne vaux rien, tout ce qui te donne du prix à ta vie,
tes sensations, tes émotions, ton plaisir, ta sensibilité, je m’en fous
totalement. La seule chose qui m’intéresse en toi, c’est ta pure matière,
c’est le résidu qu’est ton corps mort. Ce qui reste après ta destruction. C’est
là tout ce qui fait ta valeur à mes yeux. Toute ton existence était purement
subordonnée à ce but dérisoire qu’est ta consommation. Vois-tu tout le
plaisir que j’en tire ? »
On sait combien notre civilisation oppose l’esprit et la matière,
combien l’un est valorisé et l’autre dévalorisé, et si utiliser quelqu’une
c’est déjà le/la mépriser, on imagine à quel point le mépris est porté par une
utilisation purement matérielle comme l’est le fait de se nourrir.
« Si la consommation de la chair est toujours réglée, encadrée,
socialisée, ritualisée, rarement ou jamais libre et illimitée, c’est
probablement qu’elle comporte des enjeux considérables, des enjeux, en fait,
qui sont au cœur des interrogations fondamentales qui agitent l’anthropologie
depuis ses origines, et qui portent sur la condition humaine et les fondements
religieux de la socialité. Elle pose des questions débattues de Frazer à René Girard
en passant par Freud, de Durkheim et Mauss à Lévy-Strauss : la nature et
la fonction du sacrifice, le totémisme, l’éventualité d’une sorte de
culpabilité originelle ou la catharsis de la violence fondatrice . »
Claude Fischler, La Chair, le partage et l’ordre
social[9]
L’acharnement avec lequel les humaines tiennent à continuer à
faire tuer des animaux pour pouvoir les manger trouve sans doute là son
explication. Bien sûr, personne ne se formule la chose en ces termes :
outre qu’il est mal vu, dans les paroles (et non dans la réalité des faits) de
chercher à dominer, admettre cela, se le formuler, en détruirait
l’utilité : si dominer sert (entre autres) à se valoriser, l’admettre
c’est s’interdire désormais de se valoriser par ce moyen, et pire,
cela peut amener à remettre en cause la nécessité d’avoir à se valoriser, à se
poser dans un rapport de valeur au monde. Donc, on évite soigneusement de
se formuler explicitement nos pratiques en termes de domination. Mais
celle-ci n’en existe pas moins.
Le mépris ne va jamais de soi, n’est jamais légitime. Il n’a aucun
sens, et il n’a d’autre raison que se valoriser en dévalorisant l’autre. Dans
la réalité existent des différences entre les choses, les individus,
mais ce sont nous (et rien ne nous y oblige vraiment) qui ne cessons de nous
soupeser, et de soupeser ce qui nous entoure en termes de valeurs. Le spécisme,
tout comme les autres types de dévalorisation par catégories que sont le
racisme, le sexisme, l’âgisme (fonction de l’âge — je pense notamment à
l’"enfance") n’ont d’autre fonction que de valoriser son propre
groupe (lorsqu’on fait partie du groupe dominant) et par son intermédiaire,
soi.
Et le viandisme me semble bien être symboliquement la pratique
centrale du spécisme, au même titre que le viol par exemple est la
pratique symbolique centrale du sexisme.
J’essaye ainsi de montrer quelle place tient la viande en tant que
pratique, et l’idéologie de la Nature en tant que théorie, dans la constitution
du spécisme, du mépris des animaux. Les pratiques de domination ne font pas que
découler d’un mépris premier, qui serait naturel ; c’est généralement
l’inverse qui se passe.
Plus encore que le caractère sacré qui est si généralement accordé
à l’idée de Nature, c’est la division du monde en un ordre de l’Humain et un
ordre de la Nature qui me semble l’obstacle principal à une prise en compte
réelle des intérêts des animaux : attaquer l’idée de Nature me semble
donc être une priorité, comme cela l’a été également pour la fraction révolutionnaire
du mouvement féministe. Mais ici, ce n’est pas seulement l’idée d’une nature
féminine, mais l’idée de Nature dans son ensemble qu’il faut traquer sans
détours.
Quant à la consommation de "viande", si elle est la pratique
centrale du spécisme, à la fois réellement (c’est l’exploitation la plus
massive) et symboliquement (c’est par elle que s’ancrent les sentiment de
domination et de mépris), c’est contre elle que doit se centrer la lutte. En effet,
on l’a vu, il est très difficile de faire ressortir le message que les intérêts
des animaux sont importants en soi à travers les autres luttes, qui ont
toutes pour particularité — et c’est ce qui jusqu’à présent a assuré
leur relatif succès — de mettre en avant des motivations et des
représentations qui brouillent tout message relatif aux animaux.
La lutte pour l’égalité animale ouvre un point de vue sur le monde très
riche de ruptures potentielles avec la société actuelle : la remise en
cause du couple Humanité-Nature, bien sûr, mais aussi des analyses de la
domination et de nos volontés d’appartenance et d’intégration à des groupes qui
pourraient déboucher sur un changement profond de nos rapports traditionnels
au monde, à un niveau tant individuel que social.
Mais surtout, elle s’attaque à la plus grande, la plus massive, et en
même temps la plus banalisée des tragédies qui aient jamais été perpétrées.
Tous les massacres se sont toujours réalisés avec bonne conscience, justifiés
par l’idéologie ad hoc. C’est la
bonne conscience spéciste/humaniste qu’il nous faut remettre en question.
[1] du livre grand public de sociologie de l’alimentation L’Homnivore, éd. Odile Jacob, 1990, p. 116.
[2] A. Leroi-Gourhan, Evolution et Techniques, t. I, L’homme est la matière, Albin Michel, Paris, [1943], 1971, p.112 ; cité par N. Viallès, op. cit., p. 113.
[3] Parfois, mais pas toujours, loin s’en faut ! Outre de fréquents et furieux accès de naturalisme, de divinisation de "la Nature", elle défend des thèses d’extrême-droite du style : "chacun à la place que la Nature lui réserve, les chefs, ceux qui sont nés avec une nature de chef, en haut, et les autres en bas : c’est ainsi que chacun sera le plus heureux." Le lien est en fait souvent direct entre divinisation de la Nature et extrême-droite. Elle est d’ailleurs présidente du "Cercle National de Défense de la Nature et de l’Animal", qui a été créé par le Front National.
[4] P. Singer, La libération animale, éd. Grasset, Paris, 1993, pp. 313-314 et suivantes.
[5] L’Éthique, trad. Ch. Appuhn, éd. Garnier Flammarion, Paris, 1965. Il est vrai qu’il fait la même chose lorsqu’il en vient à parler de la place des femmes en politique ! Cf. Spinoza, Traité politique, trad. Ch. Appuhn, éd. Garnier Flammarion, Paris, 1966.
[6] les réactions ont changé depuis que nous nous sommes mis à parler d’égalité animale, du moins chez les gens qui sont au courant, qui acceptent mieux le fait de cesser de manger des animaux par souci de leur sort, pourvu qu’on ne prône tout de même pas l’égalité ! Le seuil de l’inacceptable s’est déplacé !
[7] C’est le slogan unificateur des manifestations qui ont lieu chaque année et regroupent peu ou prou l’ensemble des associations de Défense Animale.
[8] Une autre de ces activités, qui elle aussi est souvent (pour les hommes) un symbole de domination et d’appropriation, est la sexualité…
[9] op. cit., p. 136. Ce livre, tout comme l’immense
majorité des écrits anthropologiques, sociologiques, philosophiques et
psychanalytiques actuels, évacue en fait complètement les analyses en terme de
domination, ce qui le condamne à mon avis à un survol superficiel de la
question.